Mercredi 14 Mai 2008
Des tomates sur les yeux ou des haricots aux oreilles?
(Il s'agit ici de deux expressions allemandes qui veulent dire "être aveugle, ne pas voir ce qui est évident" et "être sourd, ne pas écouter".)
En novembre 2007, j'ai, à l'université de Leipzig, déposé mon mémoire intitulé "Positif ou négatif, étude portant sur les culinarismes en allemand et en français". Il s'agit d'une investigation linguistique dans le domaine de la phraséologie.
La question posée par cette étude, était principalement de savoir si les aliments, dans les expressions françaises, sont traités d'une manière moins péjorative que dans les expressions allemandes. Il semble que la nourriture joue un rôle très important dans la vie des Français tandis que les Allemands dépensent généralement beaucoup moins d'argent pour un bon repas et consacrent moins de temps ou d'énergie à cette question.
Lors d'une émission sur "Deutschlandradio" ("radio allemande") avec l'écrivain et traducteur italien Daniele Dell'Agli, certaines interventions allaient même jusqu'à qualifier les habitudes alimentaires allemandes de "barbarie".
Dell'Agli y défendait que cette attitude négative envers la nourriture se reflète dans les expressions de la langue allemande. Effectivement, des expressions comme "Alles Käse !" ("Tout fromage !" pour dire que c'est n'importe quoi, des bêtises), "aus jemandem Hackfleisch machen“
("faire de la viande hachée de quelqu'un" pour dire "transformer quelqu'un en bouillie".) et "jemanden ausnehmen wie eine Weihnachtsgans" ("vider quelqu'un comme une oie de Noël" pour "exploiter quelqu'un sans vergogne") semblent corroborer cette théorie.
Mais est-ce vraiment différent en français? Et est-ce réellement la nourriture qui souffre d'une connotation négative ?
A l'aide d'un "corpus" je me suis efforcée d'apporter des réponses à ces questions et j'ai pu constater ce qu'en fait, j'avais de mon côté supposé au départ : Non ! Pour des raisons historico-culturelles et du fait de la proximité géographique entre la France et l'Allemagne, on constate, en réalité, plus de points communs que de différences entre les deux langues.
Bilan : Concernant les prétendues spécificités nationales, il faut toujours prendre garde à ne pas trop hâtivement généraliser en se basant uniquement sur des idées communes et sur quelques exemples très visibles.
Pour celles ou ceux que cela intéresserait, voici les documents en question (j'ai obtenu mention très bien) :
- Mémoire |
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- Introduction Corpus |
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- Corpus français |
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- Corpus allemand |
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